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5 novembre 2015 4 05 /11 /novembre /2015 00:31
UNE BELLE RENCONTRE...
UNE BELLE RENCONTRE

UNE BELLE RENCONTRE

UNE BELLE RENCONTRE...

Il est toujours assez facile de gloser - même si parfois c’est de façon péremptoire, grandiloquente ou sentencieuse - sur un artiste et son œuvre pour tenter de transmettre quelque chose de nos admirations ou au contraire de nos aversions. Il me semble, à l’inverse, beaucoup plus difficile de parvenir à partager et à rendre compte de façon juste, profonde et vraie d’une belle rencontre. Une de ces rencontres qui vous transporte littéralement dans une espèce d’euphorie tranquille et sereine, sur le territoire de l’autre, (le terrain, diront les taurins) sans être intrusif, au contraire, avec bienveillance, empathie et confiance.

Une belle rencontre, c’est un de ces moments rares où dans le silence du regard de l’autre, dans la complicité des non-dits, on reçoit et on comprend cet « étranger » dans l’intimité de son mystère et les secrets de sa richesse. Rendre compte de cette incongruité si réjouissante c’est autre chose, un véritable défi !

Pas facile de raconter, de partager cette obscure alchimie et cette incandescente magie qui fondent l’indicible charme de ce moment d’exception sans prendre le risque de trahir, d’être impudique, imprécis, disgracieux ou vulgaire…

Par où commencer donc ?

Dire d’abord que cette rencontre, si on l’espérait depuis longtemps, sans y croire vraiment, est l’aboutissement d’un faisceau de circonstances favorables et la conjonction de contacts plus ou moins hétéroclites qui vont de la candeur souriante de la belle Luna, aux photos, à la détermination souriante d’Eugénie, en passant par l’entregent d’une Hélène, l’amitié de Mehdi et de Jérémy, à l’envie de Patricia de flâner dans Paris et la force de mon propre désir. Cela a donc fini par arriver parce que tout a concordé et qu’enfin le Maestro nous rejoigne à Paris, au Ruedo Newton.

Ensuite… Je ne saurais comment vous dire précisément… mais, disons que je n’aie pas pu, ni su la « ramener », comme on dit, incapable de dire quoi que ce soit qui puisse initier un semblant de lien social sinon amical. Il m’a même semblé à un moment n’être pas vraiment à la hauteur des convenances a minima, tétanisée que j’étais par l’enjeu…

C’est étrange, à ce niveau et vus mon âge et ma bosse usée à bien d’autres rencontres qui en apparence semblaient à d’autres, mais pas à moi, plus graves et plus difficiles, ce n’est plus de la timidité. Certes un peu l’émotion, mais assurément c’est autre chose… Comme s’il était impossible de partager ce qui est de l’ordre de la fascination. Les artistes me fascinent, tous… et en plus les toreros artistes me rendent curieusement midinettes. Sans doute parce que j’ai la conviction que les artistes et leur art, quel qu’il soit, sont le véritable socle de nos sociétés. Ils sont les inventeurs de notre vérité, certes avec des artifices et des mises en formes souvent sophistiquées, quelquefois très simples ou plus alambiquées, voire absconses, mais toujours sans tricher, (d’un torero, on dit qu’il trompe sans mentir) hors des codes, des modes, des clichés, des idées reçues et de nos références convenues. Ils sont les vraies racines où s’ancre notre monde parce qu’ils l’inventent, le ré-inventent sans cesse, le ré-enchantent, tout en le questionnant avec un esprit de liberté, une acuité sans compromis, une inquiétude créative et un engagement fondamental. Ils aiguisent sans cesse nos regards et positivent nos angoisses et notre désarroi. Dans cette quête qu’ils partagent, ils incarnent aussi un paradoxe apparent qui les caractérise : Ils sont essentiels parce que résolument inutiles, ils sont indispensables parce que de l’ordre apparent du superflu, ils sont toujours fondamentaux parce que définitivement accessoires… Et oui ! Alors à quoi sert le combat et la quête du torero ? à rien ! Sans doute, mais c’est justement cette « gratuité » qui participe à la beauté du geste et à surmonter l’iniquité et la platitude de notre quotidien. C’est vrai qu’on pourrait être tenté de s’en passer, mais ce serait alors glisser inéluctablement vers ce que l’on appelle la Barbarie… et nous n’irions pas très loin.

L’art, les arts et les artistes et leur obsession de la forme, leur désir d’esthétique ou d’une autre, la transcendance qui transfigure, l’élégance qui les accompagne, le souffle de la beauté qui les anime font, fondent et sont le socle, l’essence et le sens même de nos vies si dérisoires et de nos avenirs si fragiles.

Alors c’est peut être la perception de ces évidences, trop grandes, trop lourdes et si vraies, qui, à travers le regard de cet artiste, toujours en quête de cet absolu, de ce geste parfait, toujours sur ce qui vive et en alerte, me bouleverse au point de me clouer le bec… Je ne sais pas, mais ce qui est sur c’est qu’avec cet invité, avec sa recherche sans faille d’une certaine harmonie avec le monde, avec lui même et avec les autres, je suis impressionnée au plus haut point et au plus profond de mon être.

Nous qui passons notre temps à faire semblant, à trouver des compromis pour s’en tirer, à enjoliver pour faire plaisir, à mentir par omission pour ne pas blesser, à se faufiler pour y arriver, à manier le subterfuge et le faux semblant, on se retrouve là, comme ça, face à un homme jeune qui ne sait pas tricher, ne veut pas tromper, ne se la raconte pas, ne se vante jamais, ne se dissimule pas non plus, qui marche toujours à découvert. Impressionnant de le voir se planter devant un sénateur écolo très connu, l’inviter à une corrida, et lui proposer en ensuite très calmement de participer aux débats – une autre façon de faire le pendule !-. Il impressionne aussi parce qu’il avance, crée et invente sa vie, en forme de faena, avec détermination, beaucoup de travail et de renoncement, bien sur mais surtout une recherche d’absolu et de perfection sans compromis.

C’est déroutant, tant il est direct, franc, loyal et toujours sincère. Dire aussi que l’intensité de la rencontre tient aussi au fait qu’au Ruedo, on a su lui proposer un climat sans emphase, sans fatuité déplacée non plus, sans solennité abusive ni cérémonial pompeux, des postures qui n’auraient pas convenu à notre invité, tout en lui proposant des moments d’exceptions.

Dire aussi et par ailleurs, que pour que la rencontre soit belle et enrichissante pour tous, il a fallu la mériter. Elle doit être préparée, pour devenir concrète, réelle et ne pas rester du domaine du fantasme et de l’illusion. Il a donc été nécessaire ( mais c’est vrai de toutes rencontres) de faire fi des idées reçues… « tu sais il ne dit rien parce qu’il ne sait pas s’exprimer »,

des a priori : « tu sais il ne dit rien parce qu’il n’a rien à dire »,

des à peu près « il n’aime pas les gens… enfin il a ses têtes »

des partialités imbéciles « il est français et ça limite… »

ou encore des racontars « il est triste et toujours ailleurs »

Non, Il faut arriver « limpio », si je puis dire, et se laisser embarquer…

Et là, Zocato fut à la hauteur de cet enjeu, lui qui avait souvent critiqué le Maestro, lui qui n’avait pas forcément vu l’artiste, ni compris le personnage, avec beaucoup de modestie et d’humilité non feinte, en grand professionnel aussi, il fut poussé par Francis Marmande, très facétieux et pertinent, comme d’habitude, à s’expliquer et à avouer que son opinion avait changé. Il s’était longtemps trompé. Il sut reconnaître que cette année à force de patience, de travail, Sébastien avait touché sinon le graal au moins la grâce. Une grâce et un art, un duende que le Zocato avait apprécié à sa juste valeur. Le maestro, à son tour, avec humour et presque tendresse, affirma qu’il appréciait notre journaliste préféré et complice, parce qu’ll était en quelque sorte un « capteur de l’Arte ! ». Il voulait dire par là que le journaliste savait dire ce que lui n’était capable d’exprimer qu’avec sa muleta. Il savait voir et dire sa vérité de son art. Ce fut un moment émouvant. Pour un homme réputé mutique, il avait résumé, de façon juste, avec élégance et une grande délicatesse la vérité de notre ami.

Des moments comme celui là, il y en eut plusieurs. Il répondit à toutes les questions, celle de l’érudit Hédouin, celle de l’autre Francis, le philosophe, qui lui rendit un bel hommage et bien d’autres encore. Le maestro, l’artiste, se prêta au jeu de ces questions très intéressantes car il me l’avoua lorsque plus tard, nous nous fumes un peu plus « adoptés », il avait envie et besoin de parler, de raconter et de partager. Il fut en cela très généreux et très prolixe. Il avoua qu’il préférait l’art de la photo plutôt que la exhaustivité sans relief du flux de la vidéo, pour rendre compte de ce qu’il crée dans l’arène avec le toro. Il avoua très simplement et sans animosité qu’il regrettait que ces collègues de ruedo (et pas des moindres) l’aient laissé tomber lors de sa lettre ouverte. Il parla beaucoup de la mort du toro, de son amour des animaux, du plaisir qu’il avait pris tout au long de cette belle temporada, de ses filles, les petites, de Patricia aussi son épouse belle comme une reine, attentive, souriante et pétillante, pleine de joie de vivre et de cette énergie où on sent qu’il se ressource, et de ses petites superstitions, de ses grandes craintes, de son parcours, des gens qui l’ont accompagné, de ceux à qui il doit beaucoup, de son art, toujours de son art et de sa volonté d’être et de rester un artiste de premier plan, pour donner au public ce qu’il attend et même plus.

La soirée fut riche et nous étions nombreux à vouloir prolonger.

De notre côté, nous avons eu la chance de prolonger par une visite du Sénat, en toute simplicité avec Didier Guillaume, aficionado, membre du Ruedo, Sénateur de la Drôme, et Président du groupe socialiste au Sénat, visite à laquelle notre torero avec son épouse fut très attentif et très intéressé. Il posa des questions sur l’histoire mais aussi sur le fonctionnement de l’institution. Il sut aussi répondre à ce sénateur écologiste (voir plus haut). On le vit aussi photographier, parce que pour lui, il ne s’agit pas seulement de mettre de l’art dans la vie mais de faire de sa vie tout un art où tout est source d’inspiration : des motifs ici et là, rideaux, moquettes, détails d’architectures, que peut être nous retrouverons sur un de ces costumes de lumière.

Pour finir, on l’espère provisoirement, nous avons été déjeuner chez Dutournier, le plus étoilé des aficionados, qui sut nous recevoir, en artiste lui aussi avec élégance et grande classe, il fit honneur au torero artiste qui vous l’aviez compris m’a tant impressionnée.

Donc c’est vrai, je suis restée quasiment muette mais je me rattrape ici dans ce papier, où je voulais lui dire merci, à lui, à Patricia et à toutes celles et ceux qui ont permis ce beau rendez vous. Je voulais juste que vous compreniez que nous avons rencontré une belle personne, un être d’exception, à tous les points de vues, et un grand artiste, qui n’a pas fini de nous étonner !

Alors, nous les fans de la première heure, (dont moi-même bien sur et l’ami Francis Marmande, assurément) on vous exhorte à le suivre, à être attentifs à tous ces gestes, et ainsi à comprendre ce qu’il a de différent qui participe à nous faire voir le monde autrement et convenir définitivement que la vie est si belle. On ne s’est pas beaucoup parlé mais j’ai le sentiment que l’on s’est compris. En tout cas rendez-vous est pris, dans les ruedos bien sur (le 15 novembre à Lima, le 20 Novembre à Juriquilla au Mexique, le 6 décembre à Mexico et le 29 décembre à Cali et le 5 fevrier à nouveau à Mexico). Et au Ruedo Newton, l’année prochaine, il nous l’a promis et, vous l’aurez compris, cet artiste est un homme de parole. Nous pouvons compter sur lui.

Suerte maestro.

UNE BELLE RENCONTRE...
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commentaires

J
Il existe encore dans notre beau pays des snobinards de l'aficion qui croient de bon ton de tordre le nez devant notre plus grand torero. Le voir reçu comme cela à Paris, son sourire, son bonheur du partage , après cette année 2015 qui fut SA grande temporada, ses triomphes madrilènes.. quoi de mieux? Vive Sébastien Castella!!
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